POUSSE DE L’HERBE • BULLETIN RÉGIONAL N° 2

Ne pas s’affoler pour lancer le déprimage !

La portance des parcelles reste l’indicateur clé du lancement du déprimage d’autant qu’il y a généralement très peu d’herbe en stocks sur pied. Il n’y a pas d’urgence à sortir ses animaux en dehors du souhait d’économiser de la paille qui est particulièrement rare et chère cette année.
 

Ne pas s’affoler pour déprimer ses parcelles d’herbe

Contrairement aux années passées, l’hiver froid est humide n’a pas favorisé la pousse de l’herbe. En moyenne sur les trois derniers mois, la température observée en Pays de la Loire est de 6°C contre 8°C sur les mêmes mois de l’hiver précédent. Cet écart de 2°C a eu des conséquences inévitables sur la pousse de l’herbe qui a été très modeste cet hiver. Ainsi, les parcelles mesurées dans le réseau pousse de l’herbe sont en moyenne à 6 cm herbomètre contre 8 cm à la même date l’année passée : il manque donc 2 cm herbomètre soit environ 500 kgMS/ha !

Il n’y a donc pas urgence à lancer le pâturage pour tous ceux qui ont pu nettoyer leurs parcelles en fin d’automne. Le facteur principal à prendre en compte reste la portance des parcelles. Il est primordial de ne pas abîmer ses parcelles à cette période au risque de les voir colonisées par de l’agrostis et autres plantes indésirables.

Pour autant, le déprimage doit être terminé vers le 5/10 avril selon les zones. Si vous mettez à l’herbe au 15 mars avec un objectif de finir le déprimage au 5 avril : 20 jours pour déprimer, soit 20 parcelles et un jour par parcelle ou deux jours par parcelle si vous n’avez que dix parcelles (éventuellement avec un fil avant s’il y a beaucoup d’herbe dans la parcelle à déprimer).
 

Bien nettoyer les quelques parcelles avec herbe résiduelle

Même s’il y a en moyenne très peu d’herbe dans les parcelles du circuit de pâturage, il est nécessaire de faire un bon nettoyage au premier passage, c’est-à-dire sortir à moins de 5 cm herbomètre. Les quelques parcelles qui n’ont pas pu être bien nettoyées à l’automne dernier ont cette année une herbe souvent jaunie avec beaucoup de feuilles sénescentes qui ont « baigné dans l’eau » tout l’hiver.

Cette herbe est peu appétente et sera difficile à faire consommer aux animaux à forts besoin et notamment les vaches laitières. Dans ce cas, un premier passage peut être fait par les vaches laitières sans viser une hauteur de sortie à 5 cm puis réaliser un nettoyage dans la foulée, sur 2-3 jours maxi, par des animaux à plus faibles besoins (génisses pleines, bœufs) pour ceux qui en ont. Ne pas baisser en correcteur azoté tant que le taux d’urée n’augmente pas significativement car l’herbe résiduelle est certainement peu azotée.

Si ce nettoyage n’est pas possible, il est préférable de faire un broyage dès la sortie des animaux pour assurer des repousses de qualité pour la suite.

Préparer son circuit de pâturage

La qualité des chemins est le critère principal d’un bon circuit de pâturage mais il est trop tard pour cette saison de faire les aménagements de chemins (à faire de préférence l’été-automne). Par contre, il est nécessaire à cette période, notamment après cet hiver pluvieux, de vider et de nettoyer les bacs à eau présents dans les parcelles pour avoir ensuite une eau de qualité sans risque sanitaire et facilement consommable.

Pour ceux qui n’ont pas encore découpé les paddocks pour faire du pâturage tournant sur ce printemps, les règles pour le fractionnement des parcelles sont les suivantes :

• Prévoir 1 à 1,1 ares/vache/jour pour ceux qui prévoient de fermer les silos avec un pâturage dynamique avec 1 jour/parcelle soit des parcelles de 1 ha pour un troupeau de 90 VL qui change de parcelle tous les jours ou 2 ha pour des parcelles qui feront deux jours.

• Pour ceux qui garderont ½ ration à l’auge avec du pâturage principalement le jour, même au printemps, prévoir plutôt des parcelles de 0,6 ares/VL/j. Mieux vaut 25 parcelles de 0,6 ha pour un troupeau de 100 VL et un temps de retour de 24 jours que 10 parcelles de 1,5 ha avec des temps de retour de neuf jours.

Un premier apport d’azote pour booster le démarrage

Compte-tenu du peu de stocks d’herbe sur pied dans les parcelles, contrairement aux autres années, il est tout à fait possible et conseillé de faire un premier apport d’ammonitrate. On se limitera à 30 N/ha pour couvrir les besoins d’1 tMS qui correspond à la pousse espérée au mieux sur le mois à venir.

Dans le cas de parcelles de RGA TB pauvres en trèfle, un apport en ammo soufrée est préférable au regard du besoin en soufre du trèfle et au lessivage important sur l’hiver passé afin d’activer les nodosités.

 En agriculture biologique, un apport de lisier avec pendillards peut également faire cet effet de booster sur des parcelles avec très peu d’herbe sur pied. Dans ce cas, ces parcelles ne pourront être pâturées que dans trois semaines minimum. L’épandage se fera de préférence avant une pluie pour bien laver les feuilles salies par le lisier avant qu’il ne se dessèche et ne se colle aux feuilles.