Congrès - « On a tout pour réussir »

17 témoignages cantonaux et l’intervention d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, ont donné du grain à moudre aux élus et aux adhérents de la FDSEA 85 lors de son congrès, mardi 18 février.

Mardi 22 janvier 2019, Arnaud Rousseau était l’invité du congrès de la FDSEA 85. « J’avais été marqué par les interventions locales », se rappelle aujourd’hui celui qui était alors intervenu avec sa casquette de président d’Avril Gestion. Le revoilà sur la scène devant l’assemblée vendéenne, mardi 18 février 2025, dans son rôle de président de la FNSEA (depuis 2023). « C’est la cerise sur le gâteau », convient enthousiaste un adhérent habitué du rendez-vous annuel. Des collègues du même secteur acquiescent car « après l’actualité agricole de l’année dernière, avec des avancées pas toujours positives, on a besoin de s’informer de ce qui se trame au niveau national ». « On est venu à quatre…. J’aimerais embarquer plus de monde, plus de jeunes, mais on est de moins en moins dans la commune et il faut être partout », confie au pied des gradins un président de SEA du rétro-littoral motivé par la présence d’Arnaud Rousseau. 

Durant cette matinée de congrès, 17 interventions de présidents d’UCSEA vont se succéder avant les propos de l’invité national. « C’est l’intérêt du congrès ! On prend la température de ce qui se passe dans les autres coins de Vendée surtout après toutes les mobilisations d’il y a un an », témoignent plusieurs agriculteurs parmi les 300 présents. 

Dans ce tour de campagne attendu, les conditions agronomiques de 2024 ont marqué les discours. L’exercice sonne d’ailleurs d’abord comme un exutoire dans la description « d’une année à oublier ». Ce constat dépité a même détrôné, au moins dans les mots, la récurrence des dégâts des sangliers. À Pouzauges, on ose titiller les collègues des autres secteurs car dans ce bocage Est « on n’est pas embêtés puisqu’on est de très très bons chasseurs ! ». Moins de rigolade autour de Chantonnay, photo à l’appui, où des sangliers ont labouré 12 ha. 

Les oreilles de la Safer

Plusieurs cantons ont évoqué leur vigilance sur l’emprise urbaine (le projet de la Cité du Vélo aux Essarts-en-Bocage) et les pressions foncières (près de 400 ha acquis par le Puy du Fou à « 3 200 €/ha Puy du Fou loin de la moyenne du secteur à 2 000 €/ha »). Plusieurs fois, les oreilles de la Safer auront sonné à l’évocation de montants de transactions qui font lever des « oh ! » dans l’assemblée : « 320 000 € pour 4,09 ha » dans les marais du Pays de Saint-Gilles et « une préemption qui vient de doubler le prix de référence locale » au Pays des Achards. 

À travers ces différents sujets d’inquiétude, des responsables cantonaux exhument des évolutions positives. Du côté de Montaigu, « on a réussi à relancer un groupe JA avec des gens motivés ». Ailleurs, on se satisfait de collaborations avec les collectivités, comme au Pays des Herbiers la mise en œuvre de la stratégie Éviter-Réduire-Compenser (ERC). 

Les mobilisations aux péages, ronds-points et dans les centres-villes ont laissé des souvenirs d’implication forte à La Roche-sur-Yon, dans le secteur Challans-Gois-Océans-Marais-de-Monts, dans le Sud-Vendée. « On a fait la preuve que l’on pouvait se rassembler et organiser notre défense collectivement », rappelle Nelly Prunier, présidente de l’UCSEA Vendée-Sèvres-Autise. Les quatre UCSEA du Sud Vendée avaient d’ailleurs choisi de monter sur scène ensemble, ironisant sur la réputation de ce Sud que l’on dépeint souvent comme trop différent pour être solidaire. Les voix sont plus nuancées ailleurs où l’on souligne la déception après la bataille, car il y a eu « trop peu de victoires syndicales alors que les attentes étaient fortes ». 

Pas si mauvais

Les résultats des élections à la chambre d’agriculture antenne de Vendée ont offert 14 sièges à la FDSEA-JA au sein du collège des exploitants. « Preuve que l’on n’est pas si mauvais que ça », claironne un président car, comme plusieurs de ses collègues, derrière le bilan il s’agit d’un appel à l’engagement dans la dynamique des scrutins favorables. « Je souhaite qu’en 2026, à la FNSEA, nous ayons le même acharnement qu’une jeune navigatrice du Vendée Globe de 23 ans qui a affronté les mers. Mesdames, soyez aussi fortes qu’elle, osez vous engager dans les élections FDSEA et FNSEA ! », harangue la salle Sylvie Douillard, présidente de l’UCSEA de La Roche-sur-Yon et de la section des agricultrices, en se tournant vers Arnaud Rousseau et ses voisins masculins. Le président national adoube la remarque. Il veut que son syndicat réserve 25 % de ses sièges à des agricultrices. 

Durant un peu plus d’une heure, Arnaud Rousseau reviendra sur les préoccupations soulevées au fil des interventions cantonales. D’abord, au lendemain « des élections dans un contexte inédit », mêlant « bordel politique », « crise agricole » et « année agronomique pénible qui pèse sur le moral », le président de la FNSEA réaffirme une « politique syndicale basée pour le goût d’entreprendre, le collectif et la vie des territoires ». 

Au moment des questions du public, le président de la FNSEA n’échappe pas à celle qui gratte sur son étiquette « d’homme d’affaires ». Le céréalier de Seine-et-Marne répondra en revendiquant sa vision d’un syndicalisme économique car « le jour où on fera du syndicalisme en oubliant l’économie, on s’abîmera (…) et je ne serai plus président de la FNSEA ». 

« Il a la niac ! »

C’est bien un patron qui s’exprime devant les adhérents et il veut que ses collègues cultivent cette même posture car « l’entreprise est la seule manière de créer de la richesse dans notre pays ». À plusieurs reprises, le propos d’Arnaud Rousseau met l’accent sur des logiques fiscales et financières devinant que l’approche peut sembler loin des connexions des agriculteurs. 

« Moi je regarde où il y a de la lumière », dira encore Arnaud Rousseau, quitte à soulever quelques bruits dans la salle quand il souligne que « les prix sont là ; on est plutôt sur une pente positive en ce moment, et ça, je ne l’ai pas trop entendu dans vos interventions ». Le président de la FNSEA tient aussi à refaire le point sur les négociations gagnées auprès du gouvernement. « On me dit que l’on n’a rien obtenu, ce n’est pas vrai ! », recadre l’élu national. Il cite entre autres les 400 millions d’euros réservés au budget agricole, la progression de la TFNB (30 %), les nouveaux acquis sur les retraites. « On a tout pour réussir », assène Arnaud Rousseau pour déjouer toute tentative de démobilisation. « Il a la niac ! », résume un agriculteur qui a apprécié la démonstration. 

Catherine Baty