Technologie - Le numérique, un indispensable pour la performance agricole

Face aux crises climatiques, géopolitiques et économiques, les agriculteurs doivent sans cesse innover pour s’adapter. Dans ce contexte, la biodiversité et les outils numériques se révèlent être des alliés précieux pour relever les défis de l’agroécologie.

« En tant qu’agriculteur, le numérique fait partie de notre quotidien », explique Colin Theault, agriculteur à Landeronde et participant à Be Api, une initiative qui accompagne les agriculteurs dans l’agriculture de précision en proposant des solutions de modulation intra-parcellaire. Grâce à l’analyse des sols et à l’optimisation des intrants, Be Api aide à améliorer les performances économiques et environnementales des exploitations. « Que ce soit pour consulter la météo ou utiliser des systèmes GPS, le numérique optimise les pratiques agricoles. Be Api illustre cette démarche d’agriculture de précision en apportant aux agriculteurs des solutions adaptées, comme des diagnostics de fertilité ou des cartes de modulation intra-parcellaire », renchérit Dominique Tristant, directeur Agro et Services à la Cavac, lors d’une table ronde organisée aux Établières. 

À la ferme expérimentale des Établières, le numérique est omniprésent : « Nous testons des outils de modulation de dose, de suivi des élevages et des cultures pour vérifier leur pertinence », énumère Sixtine Fauviot, responsable de la ferme. Parmi ces outils, les sondes Weenat ou capacitives jouent un rôle clé pour l’irrigation en anticipant les besoins en eau sur sept jours. Ces solutions, comme l’explique Jérôme Le Roy, fondateur de Weenat, « permettent aux agriculteurs de mieux comprendre le comportement des systèmes racinaires tout en optimisant la consommation d’eau et d’énergie ».

Des outils d’aide à la décision pour un gain de temps et d’efficacité
Paul Brillaud, conseiller à la chambre d’agriculture Pays de la Loire, insiste sur l’importance d’envoyer les bonnes informations au bon moment. « On va avoir presque trop d'informations, grâce au numérique, un agriculteur reçoit beaucoup de notifications. Les OAD (Outils d’aide à la décision) doivent réellement lui faire gagner du temps... Exemple : regarder à midi le prix du blé, regarder à 15h la météo… » Par exemple, Mes Satimages ajuste les doses de fertilisation selon les parcelles, tandis qu’Optiprotect détecte les risques de maladies et identifie les parcelles à surveiller en priorité. « Regarder tous les jours mon risque de maladie, ce n’est pas intéressant. En revanche, regarder au moment clef et sur quelle parcelle je dois être attentif, là je vais gagner du temps. » Ces outils de haute technologie doivent également devenir plus accessibles. « Nous devons transférer la high-tech vers la low-tech pour réduire les coûts et permettre aux agriculteurs de développer de nouvelles compétences », ajoute Paul Brillaud.

L’anticipation : clé de la rentabilité et de la durabilité
« Le maître mot, c’est l’anticipation », affirme Sixtine, suivie par les autres intervenants de la table ronde. Elle permet de privilégier des mesures préventives, souvent moins coûteuses, contrairement aux actions curatives qui peuvent paralyser la production. Cette vision s’inscrit dans la démarche agroécologique, où chaque exploitation est unique et nécessite des solutions adaptées. Colin Theault, utilisateur récent de Be Api, constate déjà des avantages : réduction des charges d’intrants, gestion optimisée de l’eau, et prise en compte de la fertilité des sols grâce à des analyses fines. Be Api reflète cette ambition d’apporter « ce qu’il faut, quand il faut, où il faut » en s’appuyant sur des diagnostics précis et des outils performants.

Le numérique et la biodiversité deviennent des leviers incontournables pour transformer les pratiques agricoles. En misant sur l’anticipation et l’adaptation, les agriculteurs peuvent relever les défis d’aujourd’hui tout en préparant ceux de demain.

Johanna Kerschenmeyer