Vendée : Rencontre - l'installation des jeunes, un enjeu majeur pour les nouveaux élus de l'UCSEA

Trois questions à Anita Prouteau, présidente de l’UCSEA du Moutierrois-Talmondais, et Julien Aimé, vice-président nouvellement élus sur le canton.

>> Qui êtes-vous ?

Anita Prouteau : Je suis agricultrice à Grosbreuil. J’ai 50 ans et cela fait quatorze ans, que je me suis installée en Gaec avec mon mari, en élevage de vaches allaitantes (charolais). Notre dernière fille travaille avec nous comme apprentie. Avant mon installation et ma reconversion professionnelle, j’avais travaillé dans divers secteurs, autres que l’agriculture.
Notre couple est engagé depuis des années dans le syndicat, et moi, plus particulièrement, depuis mon entrée à la commission Agricultrice de la FDSEA, il y a huit ans. Ce qui m’a bien formée pour les autres missions, que j’assure aussi à la chambre d’agriculture où j’ai été élue en 2019. Tout part de là ! Le syndicat nous permet d’avoir connaissance des nouvelles règles, d’échanger dessus et de les comprendre. Il m’apporte aussi d’avoir des échanges sur nos pratiques professionnelles, de nous remettre en question, tout en défendant notre métier. En tant qu’élue à la chambre, je participe à plusieurs commissions : GDS (défense sanitaire), Élevage, et je siège à la CDI-CDO, sur l’installation des jeunes. Ce qui est important pour moi, c’est la moyenne d’âge des exploitants agricoles qui est, aujourd’hui, de plus de 50 ans. Donc, il faut préserver l’installation des jeunes et ne pas aller vers l’agrandissement excessif des fermes. Il faut garder une taille humaine pour les exploitations. Éviter le partage excessif et la dispersion d’une exploitation lors des transmissions, et favoriser la reprise avant tout par des jeunes.

Julien Aimé : J’ai 31 ans et je me suis installé en 2016, à Moutiers-les-Mauxfaits, après un BTS Acse (en formation continue), en reprenant l’exploitation de mes parents. J’ai aujourd’hui un apprenti, avec qui on travaille en vaches allaitantes, céréales et production de semences. J’ai toujours connu l’engagement de mon père dans divers endroits et pour moi-même, c’était important de devenir acteur de la vie locale et pouvoir faire le lien entre agriculture et territoire. De fait, mon engagement n’est pas récent : j’ai adhéré aux JA dès 2009 et, de 2017 à 2020, j’étais président
des JA du canton.

>> Quels sont les points faibles et les points forts de votre canton ?
Prévoyez-vous des sujets à travailler avec votre équipe ?

A. P. : En point fort, je dirais le dynamisme et la diversité du canton (avec vingt communes). Comme point faible, je pense que la disparition de l’élevage devient très inquiétante. Les fermes restent, mais elles sont reprises par des céréaliers. Notre campagne se transforme, les champs culti-
vés remplacent nos prairies. En équipe, je souhaiterais qu’on avance tous ensemble, qu’on ne se divise pas. Aidons les jeunes vers l’installation afin de préserver notre campagne.

J. A. : Je ne vois pas vraiment de point faible pour ce canton. Son point fort en revanche, c’est sa situation géographique : le littoral attire et permet la visibilité de nos producteurs locaux, en particulier ceux qui assurent une transformation à la ferme. On a beaucoup d’exploitants qui font de
la transformation pour de la vente de yaourts, glace, fromage, viande, légumes...
En matière d’enjeux pour les années à venir, il y a aussi un sujet « installation » à travailler ensemble. Il faut continuer à pérenniser les exploitations par l’installation de jeunes (ou de moins jeunes). Pour cela, il nous faut d’abord gérer la pression foncière avec les communes de notre canton. Le Plan local d’urbanisme (PLU) va devenir Plan local d’urbanisme intercommunal et il y aura certainement des discussions à avoir prochainement sur l’extension de nos communes. Les nouvelles règles qui vont s’appliquer risquent de mettre de l’enchère sur les prix de foncier agricole.

>> Avez-vous un principe ou une devise qui vous guide ?

A. P. : Plutôt une valeur : le partage. Notamment lors des moments de partage autour d’une
table conviviale.

J. A. : Ce que je dis souvent, c’est : « Qui ne dit mot approuve. » Pour moi, cela signifie que si je m’engage, c’est pour défendre le monde agricole ! Sinon, autant se taire.