Matériaux - Hausse des coûts de la construction des bâtiments agricoles

Les coûts de construction des bâtiments d’élevage ne cessent d’augmenter voire, ces trois dernières années, de s’envoler. Quelles en sont les causes, les conséquences et les solutions pour limiter ces montants ?

Dans un contexte mondial, après la mise à l’arrêt des entreprises du bâtiment à cause du Covid, la forte demande sur les matériaux a créé des tensions sur les prix. En 2020, la Chine a absorbé 40 % de la production d’acier mondial. Les États-Unis ont importé massivement du bois d’Europe. L’Europe et la France ne faisant pas le poids face à ces mastodontes économiques ont dû payer le prix fort pour avoir leur part du gâteau. Ainsi le bois, selon les sections, a vu ses prix bondir de 50 à 150 %, l’acier + 50 %, les tubulures + 50 % ; l’isolant + 40 %. L’indice du coût de la construction en France est ainsi passé de 109,1 en 2019 à 124,3 au 3e trimestre 2023 (+8,1 % en un an). À peine commencions nous à retrouver un certain équilibre entre demande et offre qu’arrivent la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie. Or pour produire de l’acier ou du béton, il faut beaucoup d’énergie. Globalement en 18 à 24 mois, le coût moyen d’une stabulation a augmenté de 25 à 45 %. Il faut aussi ajouter la pénurie de matériaux électroniques qui allonge les délais et le coût des équipements. Le prix des robots de traite a par exemple progressé d’environ 10 % l’année dernière.

Selon certains charpentiers, le marché agricole résiste plutôt bien et le nombre de demandes de bâtiment se maintient, contrairement aux secteurs artisanal et industriel où nombre de projets sont soit retardés soit arrêtés. De fait, les délais des entreprises se raccourcissent. À noter également que de nombreux projets sont associés à une couverture en panneaux photovoltaïques. La vente d’électricité permettant un financement partiel du bâtiment.

Des solutions pour réduire les coûts

Construire un bâtiment, c’est pour longtemps ! Il faut arriver à anticiper quelles évolutions pourraient advenir sur l’exploitation comme l’arrivée ou le départ d’un associé. Tenir compte des demandes sociétales (bien-être animal, accès au pâturage, etc.) et enfin intégrer l’adaptation aux changements climatiques. Il faut concevoir un bâtiment qui puisse s’adapter et évoluer. Il est indispensable de bien dimensionner son projet en fonction de ses capacités de financement. Pour limiter les coûts, il existe des solutions qui ont fait leurs preuves : réduire les parois ou sols en béton, privilégier les bardages bois plutôt que métalliques, rester sur des largeurs « standard » ou privilégier les structures de type shed, planifier son chantier et peut-être le faire en plusieurs étapes. Enfin, le recours à un conseiller bâtiment pour comparer des hypothèses et réaliser des avant-projets permet de chiffrer au plus près son projet. 

Pour conclure, le contexte mondial reste très volatile et il est bien difficile de prédire l’avenir. Les prix resteront, de toute façon, plus hauts qu’ils n’étaient il y a deux ans. S’informer, comparer, aller voir des réalisations, se faire accompagner restent les éléments primordiaux d’une prise de décision.

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CONTACT :
Stéphane COUTANT - Chambre d’agriculture Pays de la Loire