Conditions de travail : N’oublions pas le bien-être des éleveurs !

Le projet de recherche « Acte » (Amélioration des conditions de travail en élevage) vise à proposer des solutions pour améliorer les conditions de travail.

Le bien-être animal prend une place de plus en plus importante dans la société et chez les consommateurs. Le bien-être animal a toujours fait partie du quotidien des éleveurs pour qui, sans bien-être, il n’y a pas de production. Cependant, le bien-être de l’éleveur est souvent peu mis en avant, voire oublié. C’est en partant de cette observation que le projet de recherche « Acte » (Amélioration des conditions de travail en élevage) a débuté en septembre 2021 pour une durée de trois ans, avec pour objectif d’identifier des leviers d’actions et de proposer des solutions afin de réduire la pénibilité au travail en production palmipèdes gras (atelier d’engraissement uniquement) et en filière lapin. 

Le comité de pilotage, regroupant les différents groupements de producteurs de canards gras et de lapin, ainsi que les MSA 49-44-85, le cabinet d’ergonomes Ergonova, la chambre d’agriculture Pays de la Loire et le financeur Anact (Action nationale pour l’amélioration des conditions de travail), s’est réuni début mars 2023 afin de faire le point sur l’année écoulée et les futurs travaux. 

Des solutions pour les élevages

Concernant la filière cunicole, le premier travail a été de réaliser un diagnostic et d’identifier les déterminants à l’origine des situations de travail : équipements à disposition, tâches réalisées, environnement de travail, l’organisation de la filière… Au niveau des déterminants techniques tels que la durée et l’organisation du travail, des solutions sont directement apportées par les producteurs eux-mêmes, mais la difficulté réside dans la diffusion de ces astuces. Le projet a également permis de rencontrer des entreprises gravitant autour des élevages tels que des fabricants de matériel ainsi que des prestataires de services (insémination, lavage…) qui ont fait part de leurs problématiques et des solutions utilisées.

En effet, plusieurs solutions existent et peuvent être mises en place dès à présent en élevage. Un précédent travail de recherche avait mené à la diffusion d’un livret « Améliorer le quotidien et préserver son capital santé en élevage cunicole » qui présente une trentaine de trucs et astuces. Ce livret est disponible sur le site de la chambre d’agriculture Pays de la Loire. Un précédent travail avait été également mené sur l’intérêt des échauffements, c’est pourquoi les ergonomes rappellent qu’il est important de diversifier les postures et de faire des pauses régulières. 

Afin de réduire la pénibilité, certains éleveurs (toutes productions) s’équipent d’un exosquelette. Cela peut être le cas dans la production cunicole pour l’insémination, les transferts, mais principalement pour le lavage où les éleveurs qui en utilisent remarquent une amélioration de leur efficacité. Mais leur coût, d’achat et d’entretien, reste encore très élevé. De ce fait, il est important de réfléchir préalablement à l’optimisation de son poste de travail avant d’investir. En effet, un exosquelette est considéré comme un EPI (équipement de protection individuelle) et doit donc être adapté à son utilisateur. De plus, il apparaît que les exosquelettes sont souvent spécifiques à une unique tâche et qu’ils peuvent avoir plus d’inconvénients que d’avantages (report de la charge sur une autre partie du corps, matériel fragile, faible garantie…). Néanmoins, le groupe lapin va capitaliser sur ces retours d’expériences tandis que le groupe de travail en canards gras va tester plusieurs types d’exosquelettes (main et épaules) afin d’avoir des éléments de réponse. 

Le projet se poursuit jusqu’en septembre 2024 et va se servir des différentes observations faites par les ergonomes en élevage pour continuer à sensibiliser les éleveurs sur les solutions techniques et organisationnelles existantes sur la gestion de la santé au travail lors des formations au bien-être animal notamment. 

Anne-Sophie LE GONIDEC, chambre d’agriculture Pays de la Loire