Visite - La présidente de la Région Pays de la Loire reçue en sud Vendée

La présidente de la Région Pays de la Loire a conclu son passage dans le département par une rencontre avec les agriculteurs. Soutien aux éleveurs et gestion de l’eau ont orienté les échanges.

Le Gaec Les Sauzaies à Doix-les-Fontaines a accueilli dans le sud Vendée la présidente de Région, Christelle Morançais. L’occasion d’évoquer plusieurs urgences : le soutien aux éleveurs impactés par des récoltes fourragères insuffisantes en qualité et en quantité, la gestion de l’eau avec en toile de fond de nouveaux rassemblements « anti-bassines » dans les départements voisins.

Du fourrage de mauvaise qualité

Jérôme Biré, associé du Gaec Les Sauzaies, a présenté les conditions très particulières de cette année 2023-2024 avec des bovins restés plus longtemps en bâtiment devant l’impossibilité de pâturer ainsi que des rendements fourragers très variables et avec une qualité médiocre. Le chiffrage en cours s’élève déjà à plus de 15 000 €, c’est la moyenne qu’estime la chambre d’agriculture pour les exploitations d’élevage dans le marais Poitevin et le marais Breton. La conséquence des précipitations exceptionnelles dans ces secteurs de marais. Les cultures de vente ne permettront pas de rehausser la trésorerie avec des récoltes faibles en 2024. À cette situation s’ajoute une gestion de l’eau à revoir, qui reste une inquiétude pour les agriculteurs. « Rien n’a été fait depuis les années 60, on n’a pas tenu compte de l’évolution des constructions et de la population, regrette Jérôme Biré. Dans le marais mouillé, l’herbe a pourri sous l’eau. Faucher et ramasser est quasiment une perte de temps vu les rendements et les conditions. Une crue, c’est de l’eau et tout ce qu’elle peut transporter de branchages et autres. » Romain Gatineau, président des JA de Fontenay Vendée ajoute que « les prairies à refaire, c’est deux ou trois ans avant qu’elles ne redeviennent productives, la problématique de fourrages s’étalera sur plusieurs années ». Christelle Morançais a affirmé « son soutien aux agriculteurs, la Région souhaite venir en aide aux éleveurs en difficulté .»

L’irrigation en question

« Cette année, l’irrigation va nous permettre de sauver les meubles en faisant des productions que nous ne faisions pas en même proportion les années passées, à savoir du maïs et du sorgho », indique Jérôme Biré. Bien que l’irrigation soit une sécurité, une épée de Damoclès est au-dessus de la tête des irrigants avec l’annulation de l’autorisation unique de prélèvements pluriannuelle. Éric Porcher, président de la commission Eau pour la FDSEA 85 et en charge du dossier pour la chambre d’agriculture a exposé les tenants et aboutissants : « c’est l’État qui est attaqué et qui doit faire appel de cette décision qui met à plat tous les efforts réalisés depuis de nombreuses années. Les représentants professionnels sont bien évidemment solidaires et il n’est pas question de lâcher du terrain ». « La première étape c’est de s’assurer que l’État fasse appel », explique Éric Coutand, président de la chambre d’agriculture de Vendée. Lydie Bernard, vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture et Christelle Morançais ont affirmé « leur soutien » et appuieront la demande à l’État même si personne ne répond au bout du fil pour le moment. Cette décision pose question, quelle visibilité offre-t-on aux agriculteurs, à des jeunes qui souhaiteraient s’installer ? Les agriculteurs doivent disposer de moyens de productions et de cultures variées. Ce que peut offrir l’irrigation.

Le soutien du parc régional

Le président du parc naturel du marais Poitevin présent lors de cette rencontre s’est exprimé sur le sujet en réaffirmant que « la substitution a permis la labellisation Parc dans un souhait de préserver l’agriculture et la biodiversité avec des résultats concrets sur notre territoire ». Le président du parc du marais Poitevin a confirmé « nous souhaitons un marais Poitevin vivant grâce à l’agriculture. Sur le terrain, nous constatons les efforts de réduction de prélèvements, de gestion collective, de conversion à l’agriculture biologique. Tout cela est permis et sécurisé par la substitution. C’est une solution qui correspond au territoire et qui fait ses preuves. C’est la réussite d’un travail collectif ». Ces propos ont été salués par les agriculteurs présents.

Un réseau fort contre les attaques

Du soutien qui rassure face à une opposition idéologique non constructive pour la vitalité des territoires. Christelle Morançais souhaite aussi de la « nuance » et s’inquiète des rassemblements comme ceux observés en Deux-Sèvres. Brice Guyau, président de la FDSEA 85 a tenu à rappeler sur ce sujet : « la Confédération paysanne qui allume un feu en soutenant des activistes hors sols. La Coordination rurale souffle sur ces braises pour faire des effets de manche et de la communication. Ce qui importe pour le réseau FNSEA, c’est le soutien de nos collègues directement impactés. Le travail autour de l’eau c’est toute l’année dans les instances dédiées. Le réseau s’est aussi mobilisé fortement pour s’assurer que les travaux dans les champs puissent se poursuivre, qu’il n’y ait pas d’atteinte aux fermes. Le reste est du ressort des forces de l’ordre. » La FDSEA 85 et le réseau FNSEA souhaitent poursuivre les engagements du Varenne de l’eau pour le stockage. Des adaptations sont aussi nécessaires pour améliorer le fonctionnement, sortir de dates administratives et se concentrer sur la disponibilité de la ressource serait une avancée pour le stockage. Une année comme 2024 le prouve avec des débits et niveaux d’eau historiquement hauts.

Henri Majou