Vendée - Melli-Ouest, une reprise heureuse

Mathilde et Samuel Bodet ont repris l’entreprise Melli-Ouest, basée à Saint-Laurent de la Salle. Ils sont à la fois apiculteurs et conditionneurs.

Avec une consommation de 42 000 tonnes de miel par an en France et une production hexagonale de 20 000 tonnes, le miel ne connaît pas la crise ! D’autant que les consommateurs recherchent des « pots » réellement produits dans le pays. Mathilde et Samuel Bodet ont choisi de saisir cette opportunité. Ils ont retracé leur passé pour mieux comprendre leur nouveau chemin de vie. En effet, durant quatre ans, Samuel a travaillé à Melli-Ouest. Sans connaissance préalable de l’apiculture (même si, comme Mathilde, il a suivi des études agricoles), il a appris au contact des abeilles et de ses collègues. Puis, en 2009, il est parti dans le Tarn d’où Mathilde est originaire. Elle-même, issue du monde agricole, elle a travaillé plusieurs années comme chargée de clientèle agricole dans une banque. La reprise de Melli-Ouest par le couple a donc sonné comme un retour au pays pour Samuel, et un nouveau départ professionnel avec Mathilde. En partenariat avec les anciens propriétaires, Frank Alétru et Patricia Géraud, le projet aura mis cinq ans à voir le jour. Depuis mars dernier, ils sont donc seuls aux commandes, mais ont gardé la même équipe.

Aller à la rencontre des consommateurs

Pour leur première saison, Mathilde et Samuel Bodet ont réalisé une journée portes ouvertes, fin octobre. Ils se rendent régulièrement dans des grandes surfaces pour présenter leur miel. « Nous avons envie d’être plus ouverts, d’aller vers les consommateurs, de leur faire déguster notre miel », explique Samuel. « Il y a eu beaucoup de polémiques autour de l’origine du miel en France. Les consommateurs ont peur d’être trompés. Nous, nous sommes là pour leur expliquer notre façon de travailler et d’élever nos abeilles, leur rappeler que nous sommes ancrés dans notre territoire et que nos abeilles nous produisent un miel local », complète Mathilde. Plusieurs « identités » de goût sont à la carte, selon les terroirs et les fleurs butinées. Il leur arrive aussi de poser les ruches dans des lieux particuliers pour obtenir des miels plus confidentiels, uniques d’une année à l’autre... seulement vendus dans leur boutique. « Nous soumettons aussi des nouveautés, comme un miel de thym à la propolis très plébiscité par les consommateurs. Cet été, en partenariat avec un limonadier, nous avons proposé à la vente une limonade artisanale, avec 35 % de miel de Vendée originaire de nos ruches, qui a rencontré un vrai succès, se réjouit Mathilde. Nous essayons de sortir une ou deux nouveautés par an. Nous souhaitons aussi développer la production de pollen qui est très recherché. C’est une production à petite échelle, très spécialisée et très technique. Il faut aller aux ruches tous les deux à trois jours. Une personne s’y consacrera à mi-temps le temps de la saison. » En parallèle, ils ont déployé une gamme variée, de la biscuiterie à la confiserie aux produits de forme, vinaigre au miel, hydromel et bières avec la brasserie Mélusine. En lien avec un laboratoire, ils commercialisent des produits cosmétiques.

Un hiver près de la mer… mais actif !

Avec 1 800 ruches et 35 tonnes de production cette année, le miel en pot est le produit-phare de Melli-Ouest. La sécheresse de cet été a toutefois impacté le rendement (20 kg par ruche contre 30 kg il y a deux ans). Mais les apiculteurs se sont adaptés, en alimentant régulièrement en eau leurs protégées. L’adaptation… est aussi géographique. À l'instar des élevages de montagne, nos deux apiculteurs vendéens pratiquent la transhumance de leurs ruches, vers Narbonne (11). 300 ruches passent l’hiver dans des vergers. Elles profitent de la précocité de la floraison, dès le 15 janvier, pour se mettre en action. Puis, à Pâques, quand elles sont à leur « pic de forme », elles refont le trajet en sens inverse et peuvent s’attaquer au colza. Éleveurs mais aussi sélectionneurs, la génétique est au centre de leurs attentions. Ainsi, ils peuplent plusieurs centaines de nucléis (élevage des reines) par an, et plus de 1 000 ruchettes (l’équivalent des génisses) pour commercialiser et renouveler les ruches. Pour Mathilde et Samuel Bodet, tous les voyants sont au vert. « Nous allons aussi profiter de la nouvelle PAC qui oblige la rotation des cultures à passer de trois à cinq ans. Pour nous, ça veut dire plus de diversité florale. Le plan Pollinisateur est aussi un atout car les traitements sont interdits sur les cultures en fleur en journée. Mais, en Vendée, nous étions bien lotis car 90 % des agriculteurs traitent déjà de nuit », apprécie Samuel.

Delphine Cordaz