Six agents assurent les missions de remplacements du secteur Vendée & Lay. Kévin Aubineau (Saint-Hilaire-de-Voust) et Jonathan Marez (Saint-Hilaire-des-Loges) font partie de cette équipe.

Kévin Aubineau, 31 ans : « Une nouvelle reconnaissance »

Des poules, bientôt des lapins, les chiens, une mare, des fruitiers, Teddy, 8 ans, sur son vélo, Lolita, 4 ans, gambadant joyeusement… Tableau sympa, tranquille. Kevin Aubineau est en congé quelques jours dans son petit havre de Saint-Hilaire-de-Voust, au bout de chemins qui ne mènent forcément quelque part avec un GPS, peut-être sans. En CDD long au Service de Remplacement depuis janvier, le jeune trentenaire et papa des deux bambins aux bouilles marrantes, n’a jamais quitté son besoin d’agriculture. L’histoire de Kévin est celle d’autres, nés comme lui entre des fermes, sans héritage direct d’un patrimoine agricole, mais imprégnés par la passion des animaux, la complicité avec la nature. « Mes grands-parents paternels étaient exploitants pas loin d’ici, raconte Kévin, mais je ne les ai jamais connus en activité, mon grand-père maternel travaillait dans une ETA à Saint-Valérien… Mon père est devenu salarié en agroalimentaire ; « Vas à l’usine, t’auras moins de soucis, t’embête pas à devenir agriculteur ! » lui avait dit son père ». Alors voilà, Kévin s’est dessiné son chemin à lui en espérant croiser celui d’une opportunité d’installation. « J’ai eu quelques pistes pour m’associer mais le contact ne passait pas… Je manquais aussi certainement de confiance en moi », confie l’agent de remplacement qui aurait aimé être éleveur caprin.

Pas que du Karcher

Aussitôt ses années de bac pro (MFR de Pouzauges), il construira sa carrière en étant salarié dans des exploitations vendéennes et deux-sévriennes (caprins, volailles, bovins laitiers, allaitants….).  Désormais au SR, il a trouvé une nouvelle reconnaissance de son expérience et de sa polyvalence. « Aujourd’hui, depuis la départementalisation (j’ai connu aussi l’organisation cantonale il y a quelques années) les missions ont gagné en intérêt. On ne fait plus du Karcher à tour de bras ! Et quand ça arrive, on est mieux rémunéré », explique Kevin. Ses années de salariat enchaînées de ferme en ferme, en CDD ou en CDI, lui avaient trop appris le renoncement, les heures supplémentaires jamais compensées, les promesses non tenues.  
Transmettre
« Il est rigoureux, précis, concis, ponctuel », dépeint Elodie, sa conjointe. « C’est mon patron d’apprentissage, Marc Robineau, qui m’a donné cette rigueur dans le boulot», glisse le trentenaire discret. Quand Kévin part à la chasse, cet inconditionnel de nature, laisse souvent de côté son fusil. « Mon plaisir c’est d’emmener mes chiens, de les éduquer, les de dresser mes chiens, comme faisaient mes grands-pères, mes oncles… », détaille Kévin qui « sait être patient avec les animaux ».
Devenir agriculteur, Kévin n’a pas « fait une croix dessus… Si ça doit arriver, ça arrivera… », concède-t-il tout en appréciant son nouveau travail de remplaçant sécurisant. « J’aimerais pouvoir transmettre quelques choses à mes enfants… Peut-être que Teddy, déjà mordu d’agriculture, lui, deviendra agriculteur », projette-t-il. Le bambin acquiesce. Pour le moment ce sont encore les vacances et son vélo a encore des heures à faire.
CB

Jonathan Marez, 26 ans : « la meilleure école pour comprendre »

« J’y ai d’abord pressenti de la lassitude, puis j’ai réalisé que la routine était finalement ailleurs ». Jonathan Marez, 26 ans, avait quitté le Service de remplacement pour un CDI dans une exploitation pas très loin de chez lui, à Sainte hermine. « Les kilomètres, bouger tous les jours ou presque… j’avais besoin de me poser », raconte Jonathan justifiant son choix. Après ses trois ans de salariat, ce qu’il appelle « la routine et la distance » lui font regretter la diversité des missions de remplacement. « Je suis donc revenu ! », résume le jeune homme tout sourire.
Dans les envies de Jonathan, il y a celle de devenir un jour chef d’exploitation. Au présent, pour le moment, il relativise son ambition sans oser l’abandonner. « La conjoncture agricole est compliquée… La plupart des productions sont en difficulté… et on me dit que désormais pour s’installer, il faut avoir des associés…. Ce n’est pas simple de trouver les personnes avec qui on aimerait bosser… », analyse-t-il. celui qui se projette plutôt au milieu des céréales et pourquoi pas avec des vaches allaitantes.
Jonathan est attaché à son Sud-Vendée où il est né. Ses parents sont originaires de Dunkerque mais la carrière militaire de son papa a finalement fondé les racines vendéennes de Jonathan.

Toujours apprendre

La maison des Marez borde l’exploitation d’éleveur de bovins. Gamin, Jonathan choppait toutes les bonnes occasions pour des tours en tracteur. Il y fera son apprentissage en bac pro durant deux ans. « J’ai toujours eu envie d’en savoir plus, envie de chercher pour mieux comprendre », insiste le jeune homme quand on lui demande si sa “non origine agricole” a conditionné son parcours. De la même façon, dans ses missions au SR, il souligne son écoute, son adaptabilité. « Je sais que je ne connais pas tout, je l’accepte, j’apprends », résume-t-il. « Les remplacements sont la meilleure école pour voir tout type de productions mais aussi tout profil de personnes : les caractères pas évidents, les pédagogiques, les causants, les pas causants… Nos missions sont plus variées que dans le passé, les exploitations ont grandi, les besoins sont différents », argumente ce vingtenaire.

Le foot mais…

Tous les dimanches matins, Jonathan marche en forêt, sa façon de décompresser. Et puis
il y a le foot ou plutôt la version foot de Jonathan.... « Ah non ! Moi je ne joue pas ! Je ne
vois pas bien l’intérêt de courir après un ballon ! », lâche-t-il avant de, quand même, reconnaître que « c’est sympa de voir les matchs des copains ». « Moi je m’occupe de la buvette », explique-t-il sans pouvoir s’empêcher de rire. Jonathan fait aussi partie de la société de chasse de Saint-Hilaire... mais sans sa labrador Nina qui est plutôt genre chien de canapé.
C.B.