Vendée - Comment Polleniz perçoit le départ de deux groupes locaux vendéens ?

Jacques Rauturier, agriculteur à Pouzauges (président du GDON local) est vice-président de Polleniz. Le GDON des Sables-d'Olonne et celui de Chantonnay ont quitté ce réseau régional. Qu'en pense-t-il ?

>> Qu’est-ce qui a justifié la régionalisation de la lutte contre les envahisseurs avec la création de Polleniz en 2019 ?
Jacques Rauturier : Cette régionalisation s’inscrivait dans les logiques de mutualisation de beaucoup d’autres organismes agricoles. Elle est d’ailleurs reconnue par la chambre d’agriculture et approuvée par la majorité des agriculteurs. Cette évolution permet d’une part d’unir les moyens techniques et humains mais aussi d’atteindre une vision globale de la gestion de nos missions. Il est nécessaire d’avoir une visibilité régionale du travail effectué pour orienter les décisions locales. La continuité de certains cours d’eau (comme le Lay ou la Sèvre) exige cette analyse transversale.

>> Comprenez-vous la décision de certains secteurs de se détacher du réseau Polleniz ?
J. R.: Chaque territoire ayant des spécificités, des besoins différents, certains se sont sentis peut-être moins concernés dans l’organisation régionale. Mais des problématiques seront de moins en moins locales. Par exemple, on commence à repérer de la jussie dans des réserves d’eau dans le bocage alors que cette plante était circonscrite au marais. Quant aux besoins financiers croissants que déplorent ceux qui ont quitté Polleniz, il faut rappeler que cela est notamment lié à la suppression d’une aide départementale. Il fallait forcément trouver de nouveaux moyens de financement auprès des communautés de communes. Ce que facture Polleniz aux GDON est aussi lié à un accompagnement qui sécurise les activités de terrain.

>> Faudrait-il en déduire que le retour à une gestion locale pourrait nuire progressivement à l’efficacité de la lutte ?
J. R. : Le système local existe depuis plus de 20 ans. Cet historique le rend efficace. Je ne le remets pas du tout en question. Je souligne tout de même des points de vigilance : la lutte ne peut pas s’appuyer que sur des bénévoles d’autant plus que cette manne a du mal à se renouveler. Aujourd’hui en Vendée, une trentaine de salariés interviennent. Sans cette efficacité, le nombre d’envahisseurs doublerait ou triplerait en deux ans. On sait que les cas de leptospirose chez les humains sont en nette augmentation. Il y a donc un enjeu sanitaire très important. Par ailleurs, Polleniz fournit des appuis technique, réglementaire et administratif indispensables quand on gère des sujets environnementaux et qui touchent au bien-être animal. Il est important de rester prudents vis-à-vis du grand public qui observe nos pratiques. La lutte concerne l’ensemble de la population, pas uniquement le monde agricole. Il faut donc une grande rigueur dans nos missions.

>> Les collectivités locales ne pourraient-elles pas davantage se satisfaire de la proximité des groupes locaux ?
J. R.: Les GDON travaillent en symbiose avec les communautés de communes qui sont leurs principaux financeurs. À ce titre, chacun doit leur rendre des comptes en communiquant ses bilans annuels. Le réseau régional Polleniz leur donne un éclairage bien plus global que celui de leur territoire. C’est indispensable de prendre en compte les réalités des secteurs voisins pour agir efficacement. Et encore une fois la compétence technique et réglementaire de Polleniz est une garantie pour les élus vis-à-vis de leurs habitants.

>> La situation peut-elle encore évoluer selon vous entre Polleniz et ces dissidents ?
J. R.: Je reste totalement ouvert aux discussions. On peut par exemple imaginer travailler en partenariat sur certains secteurs, notamment quand les territoires sont en limite d’autres départements. Les envahisseurs ne sont ni la propriété de Polleniz, ni des GDON. C’est l’affaire de tous. D’autres départements envient notre système vendéen alliant un réseau local bien maillé grâce aux salariés, bénévoles et une vision régionale. Ce serait dommage que cette efficacité soit démontée. On ne peut qu’améliorer cette organisation.
Propos reccueills par Catherine Baty.

Photo : Jacques Rauturier et Nicolas Joguet, un des deux salariés du GDON de Pouzuages.

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