Vendée - « Certains métiers manquent encore de visibilité »

Au Lycée Nature (CFA-CFPPA*), Patricia Darjo est la nouvelle directrice.

Vous avez pris votre fonction au Lycée Nature à la rentrée. Quel a été votre parcours professionnel jusqu'alors ?
Patricia Darjo : J'ai toujours travaillé pour le ministère de l'Agriculture, d'abord comme formatrice durant douze ans, dans le Loir-et-Cher, auprès d'un public d'adultes que ce soit concernant l'apprentissage de techniques de recherche d'emploi, la communication, l'informatique. J'ai aussi été enseignante en Technologies Informatiques et Multimédias avant de devenir directrice adjointe, pour sept ans, au sein d'un lycée horticole (toujours en Loir-et-Cher), puis directrice durant quatre ans au lycée Enilia-Ensmic (agroalimentaire) à Surgères, en Charente-Maritime.

Quel sera le fil rouge sous votre direction ?
Il y a beaucoup de projets déjà amorcés au sein du lycée, du CFA (apprentis) et du CFPPA (formations pour adultes). Avec cette année un peu plus de 350 lycéens, notre objectif est de conforter nos effectifs légèrement en hausse. Le CFA, lui, accueille 400 apprentis, c'est 15 % de plus que l'an passé. Les jeunes bénéficient d'un nouveau bâtiment depuis octobre 2021. Le CFPPA a enregistré 100 000 heures de formation (aménagement paysager, agriculture, animation nature, agroalimentaire). Nous recevons de plus en plus de demandes d'accès à ces formations pour adultes via la modularisation (la possibilité de participer à la carte en choisissant certains modules). Un de mes objectifs est de développer encore davantage le numérique pédagogique car il permet de mieux individualiser les parcours des apprenants, en leur proposant, par exemple, un contenu ou des informations spécifiques à leur profil.

Les établissements d'enseignement agricole voient leurs effectifs progresser depuis deux ou trois ans, alors que l'agriculture souffre d'un déficit de main-d'œuvre. Comment appréhendez-vous cela ?
“Où sont les jeunes ?”, nous interrogent souvent les professionnels ! Eh bien ! En tant que centre de formation, nous nous questionnons de la même façon, car nous aussi aimerions former davantage de personnes. Il faut donc apprendre à mieux travailler ensemble pour améliorer l'accès au marché du travail. Nos filières ont certainement encore un gros travail à faire pour devenir plus attractives. S'il y a urgence à former de futurs professionnels, il ne faut pas oublier que cela exige du temps. Et parfois les chefs d'entreprise, les agriculteurs, voudraient embaucher les jeunes avant la fin de leur cursus, alors que c'est bien par la formation que les personnes accèdent à une vision globale de leur secteur d'activité. C'est ce qui leur donne de vraies perspectives pour monter en compétence. Notre rôle est bien celui-ci : d'orienter. Je suis persuadée que certains métiers manquent encore de visibilité (on connaît le boulanger, moins le meunier) tandis que d'autres n'existent pas encore !

Qu'en est-il du projet d'un nouvel internat ?
Il s'agit de rénover le bâtiment actuel comprenant des salles de cours et l'internat. Cette configuration complexifie la mise en œuvre car il faudra assurer la continuité des cours durant les travaux. L'objectif est de rendre cet espace de vie plus fonctionnel. On gardera la même capacité d'accueil (près de 300 places réparties entre le lycée et le CFA en tenant compte de l'alternance des apprentis), avec des boxes et des chambres. Ces réaménagements importants pourraient démarrer en 2024, en fonction de la programmation du conseil régional des Pays de la Loire.

*CFA : Centre de formation d'apprentis ; CFPPA : Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (formation adulte)

Catherine Baty