Vendée - 2022 : année record pour la collecte de sel à Noirmoutier

Présidente de la coopérative de sel de Noirmoutier, Élisabeth Wattebled commente les résultats de la récolte de sel 2022 sur l’île noirmoutrine.

Quel bilan dressez-vous de cette saison 2022 ?
Élisabeth Wattebled : À la mi-septembre, on avait déjà fait rentrer environ 2 500 tonnes de sel. Mercredi, à l’issue du coloï (transport de la récolte vers la coopérative), on estimait le tonnage autour de 4 800 tonnes pour la saison, presque une année double par rapport à la moyenne des six dernières années (autour de 2 500 tonnes). 2022 est une année record pour nous. Comme toutes les années de sécheresse : 1949 (avec 700 sauniers rattachés à la coopérative) ou 1976 (seulement une vingtaine).
À quoi sont dus ces excellents résultats ?
À un printemps et un été secs… Dès mai, et même en avril, certains sauniers ont pu récolter de la fleur de sel. Nous avons eu une saison très précoce et longue. De mai à juin, avec un coup de frein en juin ; puis un redémarrage fin juin jusqu’à la mi-août (cinquante jours d’affilée, sans pause). Puis la pluie est venue : pause de dix jours. Et on a repris en septembre, un peu plus mollement mais certains sauniers ont continué à tirer du sel. Les organismes sont fatigués, les sauniers ont souffert. D’autant qu’on a eu de gros coups de chaleur. En 2021, année précoce aussi mais moins longue, nous avions rentré 3 500 tonnes de sel ! Depuis six ans, on n’a que de bonnes années : le changement climatique, on le sent déjà bien.
Comment se porte la coopérative ?
Elle compte une centaine de sauniers qui ne récoltent que sur l’île de Noirmoutier (même s’ils peuvent habiter ailleurs) et emploie 27 salariés (ensachage, commercialisation…). Elle recense environ 2 300 œillets exploités, répartis dans de petites exploitations, gérées souvent par des doubles actifs. Notre chance aujourd’hui, c’est notre stabilité : à chaque fois que nous avons un départ ou un arrêt d’activité, de nouveaux sauniers qui arrivent… Ce qui est une vraie difficulté habituellement chez les agriculteurs. Nous, nous avons des repreneurs ; des personnes souvent en reconversion, qui ont donc un âge certain (35-50 ans). Ce ne sont pas que des jeunes qui s’installent. La moyenne d’âge des adhérents est de 49 ans. La coopérative produit environ 90 % du sel de mer récolté en Vendée.
Quelles sont vos dernières actions au sein de la coopérative ?
Après le Label rouge obtenu en 2020 et le label Nature et Progrès depuis 2005, nous sommes labellisés Agri Éthique depuis août dernier. Nous réfléchissons aussi à rendre nos emballages moins polluants ; ce qui sera visible dès janvier 2023. Finis les bouchons en plastique ou liège, ce sera du carton recyclable pour les boîtes. Seuls restent encore les sachets plastiques ! Notre prochain combat portera sur le cahier des charges européen -très, voire trop ouvert- pour la définition du sel bio (AB) et là, la route va être longue face aux lobbys industriels (sel de mine, sel de Méditerranée…). Comment le consommateur pourra-t-il s’y retrouver en achetant son sel ?
Yvelise Richard
Image : Agri85 - Actualités - Autres - sel-noirmoutier-Elisabeth-Wattebled.jpg