Tanguy Moreau a intégré le Service de remplacement

Tanguy Moreau, 21 ans, a choisi de devenir agent de remplacement pour se laisser le temps d’y voir plus clair dans son avenir professionnel.

« J’ai la voix un peu cassée », s’excuse d’emblée Tanguy Moreau, 21 ans, nouvel agent de remplacement dans le Marais breton (Saint-Urbain). Le réveillon a laissé quelques traces. Mais comme son job est plutôt de s’occuper des bovins et pas vraiment d’assurer un concert, ça devrait le faire ! Depuis un peu plus de deux mois, Tanguy fait donc partie de l’équipe du SR Yon & Littoral. « C’est papa qui m’a parlé du Service de remplacement, poursuit le fils d’agriculteur, il savait que le SR manquait de salariés et il avait lui-même besoin d’une aide dans son exploitation». Tanguy venait de lâcher sa Licence pro de Management des activités commerciales, à l’Esa d’Angers. « La relation client et la gestion d’équipe, ce n’était pas mon truc. Je ne parvenais pas à bien trouver ma place dans ce type de mission », justifie-t-il. Après son BTS ACSE* (à l’Ireo des Herbiers), « lancé dans les études », Tanguy avait voulu se garantir « un deuxième bagage », au cas où la perspective de s’installer comme agriculteur s’envolerait ou si sa carrière devait prendre un tournant. Cette donne n’a pas changé mais se joue autrement. En postulant au SR, Tanguy allait donc pouvoir à la fois remplacer son papa (Eric Moreau, 61 ans) en arrêt de travail et se laisser le temps d’y voir plus nettement dans son avenir professionnel. 

Attaché à son marais

Tous les après-midis, sa mission est concentrée sur l’élevage paternel. Avec le salarié de l’EARL, Loïc Guyard, il s’occupe « du train-train » du troupeau des blondes d’Aquitaine (110 vêlages), et intervient, le matin, dans des exploitations environnantes. « En ce moment je travaille, pour un mois, dans un élevage de limousines à Orouët (Saint-Jean-de-Monts), à une vingtaine de kilomètres de chez moi. Je paille, je distribue l’alimentation, j’ai vacciné les broutards, etc. Il y a quelques semaines, j’étais à Saint-Gervais, dans un atelier volailles », détaille le jeune agent qui a été apprenti durant cinq ans au sein d’une structure comprenant des bovins et un élevage avicole, au Perrier. 

Tanguy ne sait pas vraiment si devenir agriculteur en reprenant l’élevage familial du Plessis restera son objectif : « ça se réfléchit, rien n’est défini précisément ». Attaché à son marais et au système de production de son papa (l’EARL compte 294 ha dont 274 ha de pâturage d’herbe), la conjoncture économique de la viande bovine sème le doute dans ses ambitions. « Si je ne peux pas me dégager du temps libre, un week-end sur deux, alors je ne m’engagerai pas à la suite de mon père. Si je deviens agriculteur, ce sera à condition de pouvoir en vivre tout simplement et ça passe par avoir de bonnes conditions de travail car ici le travail est très physique ». Alors Tanguy avance dans ses expériences sans espérer autre chose pour le moment. « Je ne regrette absolument pas d’avoir abandonné ma licence. J’ai pu entrer au SR et c’est ce qui me convient », résume le jeune homme, la voix toujours éraillée mais l’esprit bien clair. 

*Analyse, Conduite et Stratégie d’une Entreprise Agricole

C.B.