Pays de la Loire : Pluviométrie - La vigilance s’impose

Même si les Pays de la Loire sont moins touchés que d’autres régions par le déficit pluviométrique, certains signaux invitent à être vigilant. Le bilan hydrologique (BSH) publié chaque début de mois par la Dreal alerte sur une situation inquiétante au 1er mars.

Le mois de février a été marqué par un déficit hydrique sévère sur la région, voire très sévère pour les départements de la Mayenne et de la Sarthe (plus de 90 %). Sur la période de recharge hivernale (décembre à janvier), le déficit hydrique est d’environ 23 %. Ce manque de précipitations associé à la sécheresse 2022 se traduit par un état de la ressource dégradée au 1er mars.

D’après la carte des hydraulicités (débit mensuel/moyenne mensuelle interannuelle) publiée par la Dreal, les débits de cours d’eau en février sont inférieurs à 50 % des débits normaux. Des débits inférieurs à 25 % du débit moyen mensuel sont aussi mesurés pour le sud de la Loire-Atlantique, un tiers des cours d’eau en Mayenne et en Sarthe et plus ponctuellement en Maine-et-Loire et Vendée. Le déficit pluviométrique du début d’année étant observé sur l’ensemble du bassin versant de la Loire, les conséquences à la station de Montjean-sur-Loire sont notables avec un débit inférieur à 70% par rapport au débit moyen mensuel de février. Ce débit (470 m³/s) correspond à une période de retour d’environ 30 ans pour un mois de février. En période d’étiage, le débit de la Loire est soutenu par les réserves de Naussac et Villerest. Si cette dernière affiche un niveau de remplissage satisfaisant (92 %), celle de Naussac n’est remplie qu’à 35 %, ce qui est très préoccupant car ce barrage ne pourra pas assurer son apport habituel augmentant le risque de restrictions dans les mois à venir. Note positive au moment de la rédaction de cet article, les pluies de début du mois devraient permettre de retrouver des débits plus proches des moyennes.

Les nappes aussi en mauvaise situation

La situation est aussi dégradée pour les nappes : globalement la recharge a été fortement ralentie ou interrompue depuis la mi-janvier. À l’ouest de la région, les nappes réactives ont pu profiter d’une recharge correcte entre novembre et mi-janvier :

• En Vendée, les niveaux sont au-dessous de la moyenne 2002-2022 mais proches ou supérieurs à ceux mesurés en mars 2022,

• En Loire-Atlantique, les précipitations de novembre-janvier avaient permis de combler en grande partie le déficit piézométrique de la sécheresse 2022 pour les nappes réactives. Les niveaux ont été à la baisse courant février et sont proches des niveaux moyens (1994-2022), voire inférieurs à la normale. Les nappes inertielles sont encore en cours de recharge. Mars devrait être déterminant pour la suite : en l’absence de précipitations importantes (100 mm), une attention particulière sera à porter sur les nappes des bassins sédimentaires.

À l’est de la région, la recharge a été tardive à très tardive (décembre à début janvier) et trop courte pour être suffisante. Les niveaux sont en majorité bas à très bas (90 % des nappes suivies en 49, 80 % des nappes suivies en 53 et 65 % des nappes suivies en 72). Là aussi, les pluies de mars seront déterminantes. Bien qu’elles ne puissent pas combler le déficit pour le Maine-et-Loire et la Sarthe, elles pourraient permettre une amélioration temporaire. Pour la Mayenne, où les nappes sont plus réactives, des pluies jusqu’en avril pourraient permettre de débuter la saison avec un niveau satisfaisant. 

Face à la situation hydrique exceptionnelle du début de printemps, des adaptations sont possibles pour limiter les besoins en eau et la vulnérabilité face aux risques de sécheresse en 2023.

• Il y a urgence à détruire les couverts et à récolter tôt les dérobés. Le maintien de ces cultures assèche les lits de semence, et compromet l’installation des cultures de printemps.
• Pour les cultures de vente, une partie du maïs grain peut être remplacé par du tournesol. 
• Pour les fourrages, le sorgho fourrager peut venir en substitution du maïs ensilage (20% maxi).

Dans ces deux cas, vérifier la disponibilité des semences auprès des distributeurs au plus vite.

• Utiliser des indices de maïs plus précoces et avancer la date de semis si les conditions pédoclimatiques de fin mars s’y prêtent. L’intérêt est d’avancer la date de floraison à une période moins stressante. 

Ces solutions ont pour but de réduire l’impact agronomique, en cas de restriction d’arrosage ou de déficit pluviométrique.

Pour plus d’information sur l’état des ressources, le bulletin hydrologique est consultable en cliquant sur le lien suivant : https://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/bsh23_02fevrier.pdf.

Les bulletins Inf’eau de la chambre d’agriculture paraissent de nouveau.