L’élevage du Gaec l’Espérance, à Vairé, fonctionne depuis plus d’un an avec deux robots de traite GEA. Un gain de confort pour les éleveurs et les animaux selon Hélène Vincent, l’une des trois associés.

« On est bien ! » Hélène Vincent a le sourire zen quand elle parle de ses vaches… et des deux robots installés il y a un peu plus d’un an. Une décision prise à l’occasion « d’un mouvement important des associés », restitue Hélène entrée en janvier 2022 au sein du Gaec familial l’Espérance, à Vairé, auprès de son frère Guillaume, 33 ans, et de leur maman Isabelle, 61 ans. Leur père, Loïc, l’oncle, Hervé, partaient en retraite tandis que le même chemin s’annoncera bientôt pour Isabelle. 

« Il fallait repenser l’outil de travail. La traite durait deux heures et demi matin et soir, à deux personnes et une troisième avec les veaux. C’était éprouvant et impossible à tenir au quotidien avec un associé en moins », résume l’éleveuse. Le coût de la réorganisation de la salle de traite est aussi lourd que l’implantation de deux robots (300 000 €, maçonnerie comprise). La famille Vincent opte pour l’automatisation « d’autant plus que les robots allaient permettre de réduire la pénibilité ». 

Le double équipement donne un vrai confort de travail, sans saturation. La circulation des animaux et les accès ont été entièrement repensés. « On n’a pas fait les choses à moitié ! L’enjeu était trop important ! », insiste Hélène qui a visité « beaucoup d’élevages » au préalable avec ses associés. Le Gaec a consulté Sennovia pour être conseillé dans son achat et pour les études d’un géobiologue. Un an avant l’implantation des robots, le Gaec a fait appel au cabinet d’audit FDS (Farm Dairy Services) pour être conseillé sur des évolutions structurelles de l’espace : « la modification du couloir au sein du bâtiment comprenant les logettes (les vaches non dominantes circulent plus librement) ; la multiplication des points d’eau ; un couloir central face aux robots qui permet aux vaches (notamment les non dominantes) de mieux repérer le robot disponible ». Les éleveurs Vincent ont aussi, en amont, réviser la génétique de leur troupeau pour une meilleure compatibilité des mamelles ; certaines vaches ont été réformées. 

Manuellement aussi

Les deux robots GEA ont d’ailleurs été choisis car ils permettent un accès à la mamelle : « Au début de la mise en route, j’ai pu accrocher manuellement les deux ou trois vaches qui ne branchaient pas et je peux gérer séparément les animaux moins aptes aux robots. On leur ouvre les barrières matin et soir ». Les modèles GEA R9500 installés sont compacts et peu bruyants ; ils conviennent au bâtiment bas de plafond. « On a vraiment gagné en confort et souplesse, on a diminué l’effort physique et libéré du temps pour vraiment conduire et prendre soin du troupeau. L’expérience de l’éleveur reste primordiale », ajoute la trentenaire toujours à l’écoute des remarques de son père.

« Les vaches, elles aussi, sont plus à l’aise, plus calmes, davantage ménagées quand il fait chaud car elles n’attendent pas deux heures en salle de traite. » Les indicateurs de conductivité fournis par les robots l’alertent sur des suspicions de mammite en gestation. « Je peux anticiper et soigner par homéopathie, j’ai l’impression de donner une chance supplémentaire à l’animal de se battre sans traitement », se satisfait l’agricultrice. 

Se faire remplacer 

Si elle reconnaît que l’automatisation n’efface pas les astreintes en continu, « les alertes nocturnes restent rares ». Dans une semaine, « toute la famille disparaît durant 24 heures pour un mariage ». Les Vincent ont donc fait appel au Service de remplacement (SR), pour la première fois depuis l’installation des robots. Justine Poulain, agent SR, est en formation durant trois jours au sein de l’exploitation. Elle devra être totalement autonome dans le maniement du logiciel. « On a confiance. Même si, il faut l’avouer, on ne lâchera pas nos téléphones de la journée !! Ça reste stressant de confier ses animaux même une journée », rit sérieusement l’agricultrice. Justine, elle, se réjouit de l’expérience. Mais en tant qu’aspirante à l’installation d’ici quelques années, la jeune femme ne se rêve pas éleveuse avec un robot car elle « aime trop le rapport à l’animal lors de la traite », justifie Justine. « C’est une vraie trayeuse, et puis elle est jeune ! », conclut Hélène. 

Catherine Baty