Moisson - Orges, blé, colza : on fait un bilan des premières récoltes

Il est temps de dresser un premier bilan des récoltes avec Christophe Vinet, directeur du pôle Végétal à la Cavac. Blés, orges, colza… Que peut-on dire de ces cultures collectées en Vendée, Deux-Sèvres et dans quelques communes limitrophes de Loire-Atlantique ou de Charente-Maritime ?

Quels sont les bilans des premières récoltes ?

Christophe Vinet : Tout d’abord, pour les orges, on est plutôt sur une bonne année, régulière, avec de bons rendements. Contrairement à l’an dernier, on a de bons poids spécifiques (PS) cette année. En revanche, pour les blés tendres, on a plutôt une année très hétérogène. Les blés en terres légères (plaine, bas-bocage) ont souffert énormément de la période de sécheresse de mai-juin. On a là des rendements qui oscillent de 40 à 90 q/ha : 40 q/ha quand on est en situation non irriguée et environ 90 q/ha quand on a des terres beaucoup plus profondes ou lourdes (bocage), qui n’ont pas souffert du temps sec ou avec des semis plus tardifs ou, au contraire, plus précoces… Globalement, par rapport au potentiel d’une année normale, on a perdu 10 % de récolte et quasiment 30 % du potentiel qu’on pouvait imaginer début mai, avant que n’arrivent les six semaines (mai-juin) de vent d’est…
Les dates de semis ont eu une importance énorme cette année. Mieux valait semer tôt car on arrivait sur une période de remplissage du grain moins touchée par le manque d’eau. On a des taux de PS supérieurs à 77 et des taux de protéines moyens supérieurs à 11. On est très bien par rapport à la qualité demandée par nos clients. Pour les colzas, c’est très décevant car on est bien en dessous de la moyenne, avec des rendements moyens autour de 25 q/ha (contre 27-28 en moyenne quinquennale). Mais avec 42-43 %, les taux d’huile restent corrects.

En blé dur, quels sont les premiers retours ?

En blé dur, les récoltes sont plutôt exceptionnelles en termes de qualité : on a rarement connu une qualité aussi belle, avec un taux de couleur jaune - je le dis - exceptionnel, et quasi pas de défaut sur nos blés durs (sans piqûre ni mitadin). Bref, de beaux grains. Leurs rendements sont plutôt bons sur la partie Marais mais restent hétérogènes sur la partie Plaine (à l’image du blé tendre !). Le blé dur a bien profité des conditions sèches des mois de mai et juin.

Quelles sont les tendances pour le maïs ?

C’est encore un peu tôt pour en parler. Mais on peut considérer que la collecte d’automne n’est pas mal partie, sous réserve d’avoir un coup d’eau de pluie cette deuxième quinzaine de juillet, pour les maïs comme pour les tournesols. On arrive au stade de remplissage des capitules pour les tournesols, stade où l’eau est primordiale, et pour les maïs la période de floraison est passée : donc, à présent, il faut qu’il pleuve pour alimenter la fécondation.

Propos recueillis par Yvelise Richard
 

Christophe Le Gall, conseiller sur le territoire Vendée Centre à la chambre d’agriculture - Les moissons de blés arrivent à leurs termes

« Dans le bocage, on a eu de très bonnes conditions de semis, sans excès d’eau l’hiver, on avait des densités de plantes correctes en sortie d’hiver. Le cycle a plutôt été favorable hormis à la fin, vers mai-juin, avec les conditions sèches qui ont pénalisé le remplissage des grains surtout dans les terres les plus superficielles. 

Les échos des agriculteurs au niveau des rendements sont plutôt bons allant de 65 à 80 q/ha. On reste dans les moyennes nationales a priori. On a tendance à voir des PMG plutôt bas, et les PS, quant à eux, sont bons pour les grains récoltés avant les pluies. Les grains récoltés plus tardivement ont été impactés par les pluies, ce qui a pénalisé le PS, qui est plus faible. 

Le colza, en revanche, a connu une année très décevante. Il était bien implanté, avec une bonne densité, mais les rendements sont décevants de 22 à 30 q/ha. Pour le moment, nous avons quelques hypothèses qui expliquent ces faibles rendements : il y a eu des ravageurs comme des charançons des siliques, le sec de fin de cycle a dû pénaliser le remplissage, une floraison avec un temps très humide. »

Loïc Deveyer, conseiller sur le territoire Marais Sud à la chambre d’agriculture - Une année presque parfaite dans le marais

« On a eu des conditions d’implantation extrêmement bonnes, une levée idéale, un peuplement parfait, une sortie d’hiver sèche, une pousse lente et régulière tout le printemps et de l’eau à point nommé. Le seul bémol, c’est qu’entre le 15 mai et le 15 juin, on a eu moins d’eau avec un coup de chaleur, et on manquait de ressources. 

On a eu de l’eau au goutte-à-goutte tout le long, les plantes ont construit des étages de feuilles extraordinaires, avec une super biomasse. À chaque fois qu’on apportait de l’eau, les blés tiraient dessus, et en dessous il n’y avait pas beaucoup de réserve. 

Au 1er juin, on défaisait des morceaux d’argile à la main jusqu’à 1,5 m de profondeur. Alors qu’au-dessus, on avait un blé sec qui faisait 9 t de matières sèches, qui a rendu 90 q lors de la récolte. Les blés ont donc tout asséché, et au 1er juin, lors de la dernière ligne droite pour remplir les grains et finaliser le rendement, tout était sur la table : le nombre d’épis, de grains potentiels... Mais il y a eu une petite contracture, donc au lieu de faire 100 q/ha, on a eu 75 q/ha, ce qui reste correct. 

L’orge est une culture qui a très bien marché cette année, avec une précocité notable. Elle est passée à côté des gros coups de chaud, en petite terre on a 65 q/ha, mais la majorité c’est 70-90 q/ha. D’année en année, on voit que les coups de chaud de juin sont bénéfiques aux céréales qui finissent plus tôt. »

Propos recueillis par Johanna Kerschenmeyer