Cultures - Des couvert végétaux pour éviter le désherbage ?

Mardi 17 septembre se tenait un rallye agronomique Cavac porté sur les couverts végétaux.

Les couverts végétaux vont permettre d’occuper le sol entre deux cultures et ont des avantages pédologiques, environnementaux, économiques et, bien évidemment, agronomiques. Mais quel est le couvert le plus efficace ? C’est la question que se pose Konrad Schreiber, cofondateur de La Vache Heureuse et ingénieur agronome spécialiste des sols vivants. Sur la plateforme située à la Croisée de la Boule à Bournezeau, différents tests de couverts sont réalisés avec une partie qui présente des solutions sorgho, « qui peut être une solution intéressante pour les éleveurs du bocage », une autre partie qui met en avant des mélanges à base d’avoine, de moha, de millet...

Les couverts vont empêcher la propagation du ray-grass. « En été, on met de l’engrais sur le blé, le sol est nu après la moisson et va commencer à chauffer avec le soleil. L’eau s’évapore, l’oxygène va prendre la place et va rencontrer l’azote qui reste, après l’oxydation ça va fabriquer du nitrate. S’il y a un déchaumage en plus, cela va accélérer la production de nitrate et là le ray-grass va s’installer car il aime les nitrates », explique Konrad Schreiber. L’hypothèse de travail est d’empêcher la production de nitrate avec peu de travail du sol, en semant tout de suite avec une « pompe à nitrate » et une anti graminée estivale qui empêchera au ray-grass de venir s’installer. 

Mélange et densité, la clef de la réussite

Le premier mélange est composé de sorgho fourrager, de tournesol, vesce du Bengale et velue, de la phacélie, du radis chinois, de l’avoine d’hiver et de trèfle squarrosum, incarnat et perse à 25 kg/ha. « Ces mélanges-là sont d’excellentes fourragères pour les animaux. Il faut bien attendre que le sorgho atteigne la mi-cuisse afin qu’il n’ait plus d’acide et puisse être consommé en pâturage par les animaux. En revanche, on observe déjà quelques ray-grass donc ce n’est peut-être pas le bon couvert pour faire du désherbage sur ce sol qui est hydromorphe avec beaucoup d’argile. »

Les essais suivants portent sur le moha, qui est « la vraie surprise de la plateforme », notamment le mélange moha, vesce et trèfle d’Alexandrie, « qui est très propre, surtout lorsque la densité augmente. On pourrait tout à fait faire un semis direct de céréales dedans de triticale-pois. » Le spécialiste avertit en revanche que « si on fait un semis direct de céréale dans un système comme celui-ci, la minéralisation du couvert ne rendra pas d’azote pour la première culture. Un maïs serait envisageable car la vesce prendrait le dessus et on pourrait bénéficier de l’azote du couvert mai-juin. On pourrait imaginer également un mélange avec du radis avant un maïs car il minéralise le sol également très rapidement ». 

Plus loin dans la parcelle, des essais sur du moha pur sont en cours et là aussi c’est la densité qui va jouer. « Avec ces plantes, on a intérêt à les laisser complètement fermer le système pour qu’elles étouffent les repousses qu’il pourrait y avoir aux pieds. Le moha mixé avec du sorgho donne une biomasse en augmentation et si on a la bonne densité on peut être très compétitif face aux adventices. À partir de ce moment, on peut semer directement un blé à la mi-octobre avec un semoir à disque. On pourrait mettre un engrais starter dans la ligne de semis comme des micro-algues, de la chlorelle, des acides-aminés, qui ne vont pas compter dans les plans de fumure, mais les plantes y sont réactives. »

Le dernier mélange présenté c’est « le mélange paysan par excellence », d’après Konrad Schreiber. Il est composé de moutarde blanche, radis fourrager et phacélie. « C’est un mélange très propre, et c’est le premier couvert pour faire du désherbage et si on rajoute un peu de sarrasin on prépare l’arrivée du blé après. » 

Grâce à cette plateforme, et son agencement, quels que soient les essais en place, plus il y a de densité au sol, plus les couverts sont propres. « L’idée que nous avons que pour désherber, supprimer le travail du sol et les phytos, il faudra enherber est vérifiée ici. C’est une science nouvelle, on voit qu’une nouvelle agriculture se prépare et elle sera dans la biologie », affirme Konrad Schreiber.

Johanna Kerschenmeyer