Cours d’eau - Interrogations sur les projets de renaturation des cours d’eau

Plusieurs Syndicats mixtes en Vendée effectuent des travaux de renaturation des cours d’eau. Des opérations louables mais qui se heurtent à la réalité du terrain et du quotidien des agriculteurs.

« La prairie a disparu au bord du cours d’eau », constate Tony Rousseau, éleveur de charolaises à Thouarsais Bouildroux. Les effets des passages d’engins se voient sur plus d’un kilomètre. Le cours d’eau, le Petit Fougerais qui traverse une partie de ses prairies, a été retravaillé avec un reméandrage, un élargissement, la dépose de cailloux dans le fond et sur les berges par le syndicat mixte Vendée Sèvre Autizes. « Le timing des travaux n’est pas idéal avec la météo d’octobre-novembre. Je m’interroge sur la repousse de la prairie. » Économiquement, un cours d’eau est surtout source de contraintes et de charges pour les agriculteurs, PAC, bandes enherbées, épandage, entretien courant. 

Un manque d’information

Le Syndicat mixte a bien prévu des aménagements pour les agriculteurs : clôture du cours d’eau, pompe à museau, passage d’engins, accès au cours d’eau pour le bétail. « Ce que je regrette le plus c’est le manque d’information, je n’ai jamais vu un plan. On m’a surtout informé du positif avec les aménagements pour les animaux. J’imaginais un nettoyage, un curage mais pas autant de travaux », déplore Tony Rousseau. « L’information va au propriétaire mais c’est principalement le fermier qui subit ces changements sans baisse du fermage. » Sans concertation des gens de terrain, des problèmes sont assez vite apparus. Thierry Robin, éleveur voisin, témoigne : « Mes sorties de drainage ont été mises en contre-pente et remontaient dans mon champ. On s’étonne aussi que la source du cours d’eau au fond d’un bosquet ne soit pas nettoyée. »

À la fin, c’est l’agriculteur qui doit entretenir

« L’impact sur l’environnement est assez impressionnant, il ne s’agit pas d’un simple réaménagement mais une refonte totale. Il est curieux de voir des travaux d’amélioration de cours d’eau commencer par un travail de pelleteuse destructeur par rapport à l’existant », dénonce Philippe Ducept, président de la commission environnement FDSEA 85.  « On sait sur le département que le critère principal de dégradation de la qualité des masses d’eau est lié à la morphologie des cours d’eau. Nous partagions sur le fond l’idée d’amélioration du Petit Fougerais, mais dès le début des travaux, il y a eu désaccord sur la forme. » Les premiers coups de pelleteuse étaient très impactants pour l’agriculteur, les méandres ressemblant plutôt à des dents de scie. Il fallait remettre un peu de bon sens dans ces projets et prendre en compte les avis des agriculteurs présents sur le terrain toute l’année. Grâce à la mobilisation locale, les plans initiaux ont été revus pour revenir à quelque chose de plus acceptable. « Quand on voit ces travaux et que l’on connaît toute la complexité de la réglementation sur l’eau, les zones humides, le respect de la biodiversité, cela donne l’impression que seuls les agriculteurs y sont soumis », appuie Philippe Ducept. Avec un cours d’eau plus long, plus large et l’implantation d’une nouvelle végétation en bordure de cours d’eau, la principale interrogation pour Tony Rousseau reste l’entretien courant : « Ce sera obligatoirement plus de temps et de moyens. » Le petit Fougerais est la frontière naturelle entre Thouarsais Bouildroux et Saint-Sulpice-en-Pareds. Si les communes fusionnent, il n’y aura pas besoin de redéfinir les limites de communes !

Henri Majou