CERFRANCE : Retour sur les résultats économiques

Le jeudi 8 avril, le Cerfrance a exposé les résultats économiques 2020 des exploitations vendéennes ainsi que les perspectives pour 2021.

Frédéric Nguyen, conseiller Cerfrance spécialisée grandes cultures :
« La récolte 2020 a été décevante en raison d’évènements climatiques exceptionnels. Le rendement des blés a diminué, passant de 99 q/ha en 2019 à 59 pour le blé tendre et 52 pour le blé dur en 2020.
De nouveau, on constate une grande hétérogénéité entre maïs sec et irrigué, avec des rendements moyens proches de 2019. Pour l’ensemble des cultures, le prix est reparti à la hausse à la fin des moissons. La consommation d’intrants est en baisse, en raison de dates de semis décalées et un temps favorable. Pour les marges brutes, pas de différence marquée entre les cultures.
A noter : celle du colza repasse devant celle du blé tendre. Et celles du blé dur et du maïs irrigué sont à égalité. La plaine irriguée a permis de conserver le maïs pendant les pics de chaleur. Elle a dégagé un EBE/ha supérieur au blé dur dans les marais, qui a souffert des aléas climatiques. »



Eric Egron, conseiller en production cunicole, porcine et volaille chair :

« Ces trois filières ont été fortement impactées par le covid. La préoccupation pour 2021 concerne le prix des aliments qui est en hausse.
Pour la filière lapin, la consommation en GMS ne couvre pas la perte en restauration hors domicile (RHD). Les opérateurs ont réussi à maintenir les prix sur l’année 2020, en moyenne 1,91€ / kg. Pour la cage mère, la marge se stabilise à 100 €. L’EBE / UTH se maintient à 48 000 € mais reste faible pour assurer le développement des élevages ou la création de nouveaux. La production continue de perdre 10 % par an.
La peste porcine en Allemagne a mis la pression sur le marché européen en fermant des abattoirs et faisant chuter les prix : diminution de 0,11€ par rapport à 2019. La marge brute reste correcte avec une valeur supérieure à 1000€. L’EBE 2020 retrouve le niveau de 2017 avec une valeur de 52 671€. Le marché se reconstruit même si l’Espagne a récupéré une grande part du marché chinois.
Pour la production et la consommation de dinde et poulet, la consommation à domicile a compensé les pertes en RHD. Au niveau des labels, les ventes se sont maintenues. Concernant le canard, le covid a amplifié une crise sous-jacente en 2019. Pour le gavage, on observe une diminution des lots ainsi que des marges. Les investissements restent soutenus dans la filière volaille : 33000 € / UTH. Même si les projets se font moins nombreux dernièrement. »

Arthur Lovat, conseiller en bovin lait :
« Malgré de fortes évolutions de marché, le prix payé (211 € pour 1 000 L) et la marge brute (355 pour 1 000 L) restent stables.  Les prix début et fin 2020 compensent le creux observé au premier confinement.
On observe un recul de l’EBE de 5000 € entre 2019 et 2020 qui s’explique par des semis compliqués et des récoltes en paille moins importantes. Les stratégies d’exploitations restent variées au niveau des investissements. les investissements nets / UTH qui ont en moyenne diminués, passant de plus de 12 000 € en 2020 à 3 900 € en 2019. »



Baptiste Lambert, conseiller en viande bovine :
« Le manque de perspectives des éleveurs depuis plusieurs dizaines d’années s’illustre par le faible revenu disponible, qui est aujourd’hui de 1200 € par mois. La mise en place des EGA en 2020 a conduit à une amélioration. Malheureusement, les prix du gibet et du broutard se sont effondrés. La réforme de la PAC va vraisemblablement entrainer une diminution de 30 à 40 % d’aides à la vache. Soit une baisse du revenu disponible de 200 à 300 € par mois. Il faut adapter les stratégies d’élevage pour répondre aux attentes du consommateur pour de la viande française.



Christelle Guichard, conseillère gestion en Agriculture biologique :
« Les fermes en bio augmente avec 80 nouvelles fermes en 2020, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2019. En tout, 10,5 % de la SAU vendéenne est en bio. On observe une hausse des conversions bios liées à des installations. Notamment chez les céréaliers, avec un marché moins fluctuant qu’en conventionnel. Les cultures de vente sont majoritaires dans 40 % des cas. Les systèmes de production sont très diversifiés : 30 % en élevage bovin, 40 % en volaille. La consommation en bio s’est accentuée pendant le confinement avec une progression en GMS et magasins spécialisés ce qui a compensé les pertes en RHD. Pour 2021, l’enjeu sera de maintenir les équilibres de la filière. »